A écouter : La Libération des Corsetières

Pionnières des luttes de libération des femmes, les corsetières refusent de racheter des fautes imaginaires auprès d’un patronat catholique et se mettent en grève en 1895. Sur leurs traces, Jeannette Dussartre-Chartreux collecte des archives jusqu'ici ignorées.
Ce récit documentaire en 2 parties est à écouter sur France Culture :
Episode 1 : Les corsetières décorsetées
En 1847 sont dénoncées par le journal fouriériste "La Démocratie Pacifique", d’inspiration socialiste utopique, les “séquestrations odieuses” de jeunes femmes dans un couvent Le Refuge. Le corset s’y révèle un véritable instrument de torture pour les demoiselles qui y sont placées : "Le corset de force descend à mi-cuisses, les manches sont très longues, la victime a les mains croisées sur le ventre, elle ne peut prendre à boire ni à manger, cet instrument trop serré meurtrit les chairs, la recluse est obligée d’attendre qu’on la fasse manger. Comme si le corset et la faim ne suffisaient pas, les captives ont une coiffe dont les attaches passent dans la bouche comme le mors des chevaux"Journal La démocratie pacifique
Dans Des luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours (Zones / La Découverte, 2016), l’historienne Michelle Zancarini-Fournel fait sortir de l’ombre les révoltes des ouvrières et notamment celle qui s’abat sur Le Refuge : Couvents et providences, établissements pour jeunes filles pauvres occupées à fabriquer gratuitement sont mis à sac. Les corporations féminines réclament du travail et manifestent en s’en prenant violemment aux couvents qui, avec leur main-d’œuvre gratuite, font une concurrence redoutable aux ouvrières. En avril 1848, à Saint-Étienne, 150 femmes investissent le couvent du Refuge, animé par les sœurs de Saint-Joseph. Brandissant une statue du Christ en tête du cortège, les manifestantes arrachent fenêtres et portes, qui symbolisent la clôture, et brûlent les métiers à tisser.
Episode 2 : De fil en aiguille, des ouvrières
Pionnières des luttes de libération des femmes, les corsetières refusent de racheter des fautes imaginaires auprès d’un patronat catholique et se mettent en grève en 1895. Sur leurs traces, Jeannette Dussartre-Chartreux collecte des archives jusqu'ici ignorées.Pionnières des luttes de libération des femmes, les corsetières refusent de racheter des fautes imaginaires auprès d’un patronat catholique et se mettent en grève en 1895.
Sur leurs traces, Jeannette Dussartre-Chartreux collecte des archives jusqu'ici ignorées : 89 avenue Baudin, à Limoges se trouve la Maison Clément. De cette entreprise prospère du corset, il n’en reste que la façade. Personne ne peut imaginer que dans ces lieux régnait une discipline de fer. "La Maison Clément ne s’embarrasse pas de l’adhésion librement consentie à des ouvrières. À ces conditions morales, elle impose les siennes ! La patronne oblige ses ouvrières, et cela sous surveillance, à faire trois jours de retraite, à aller à confesse le samedi, et faire leur Pâques le dimanche. Les absentes sont punies par une distribution de mauvais travail avec menace de renvoi, selon l’enquête diligentée par le Commissariat central !