A lire : Au Cœur des Maisons de Couture

Écrit par Sophie Kurkdjian, historienne de la mode et Sandrine Tinturier, spécialiste de l'histoire de la mode et responsable d'archives à la Fondation Azzedine Alaïa, l’ouvrage est consacré à celles qui, dans l’ombre des grands couturiers, ont œuvré dans les coulisses de la mode.
Cette histoire sociale traite de l’évolution des conditions de travail et de vie des ouvrières de la couture.
En nous invitant à la rencontre, basée sur les archives, de ces ouvrières d’excellence, Sophie Kurkdjian et Sandrine Tinturier donnent à voir un univers inconnu et souvent étonnant. Dans cette histoire sociale des ouvrières de la mode se mêlent ainsi histoire sociale d’une profession précocement syndicalisée et combative, histoire des techniques, et histoire culturelle d’un des fleurons de l’image du pays à l’étranger.
Extraits :
Les premières d'atelier
« Dans son « cours élémentaire de grande couture », Paul Poiret passe en revue les différentes catégories d’employés. « Il y a d’abord les techniciens, c’est-à-dire les essayeuses et les premières, et leurs ouvrières. [...] Elles sont les exécutantes des intentions du créateur, elles doivent se les assimiler et leur donner une forme impeccable. » Les premières sont des techniciennes hors pair, capables à elles seules d’opérer la transformation d’une épure abstraite en une exécution matérielle. (...)
Pour acquérir cette virtuosité, les premières sont passées par tous les postes de la couture, savent tout faire, peuvent diriger un atelier et sont le trait d’union entre la pointe de la pyramide et la base. »
Fêter Sainte Catherine, la marieuse
« Depuis la fin du XIXe siècle, les ouvrières parisiennes de la couture se sont approprié la patronne des jeunes filles.
À la manière d’un rite de passage, les jeunes filles à marier étaient conviées à célèbrer ainsi Sainte Catherine : « Ce jour-là, le groupe de jeunesse, suivant en cela les règles d’un cérémonial religieux, ira également coiffer d’une couronne ou d’un voile la statue de la sainte patronne, geste propitiatoire qui s’apparente à un rite nuptial et que chaque fille renouvellera en attendant son mariage. [...] Toutes les filles à marier – dit l’expression – ‘‘coiffent Sainte Catherine’’ et elles coifferont Sainte Catherine au propre et au figuré jusqu’à ce qu’elles trouvent un époux (…).
C’est au cœur de la maison de couture que l’on pose le couvre-chef sur la tête des catherinettes de l’année. La plupart du temps la première coiffe la ou les jeunes femmes de son atelier d’un chapeau que la collectivité a confectionné pour elle(s) en secret. Le couturier visite ensuite tous les ateliers de sa maison et, souvent pour la seule fois de l’année, rencontre l’ensemble de ses ouvrières. »
Adresse : 18, rue la Verrerie 75004 Paris
Téléphone : +33 (0)1 87 44 87 75
Horaires d'exposition : 11h - 19h du lundi au dimanche
Tarifs : 7€ plein tarif / 2€ tarif réduit