A voir : "Sur la Piste des Sioux" à Lyon
Le Musée des Confluences à Lyon nous propose un voyage hors du commun, du côté des grandes plaines amérindiennes à la rencontre des Indiens d’Amérique… ou plutôt de l’image caricaturale qu’on en a. Entre les murs de ce muséum futuriste nous attendent de nombreux trésors, dont des pièces jamais exposées, entre habits traditionnels, archives historiques, imagerie publicitaire et cinématographique, pour redécouvrir les « Indiens d’Amérique » d’un tout nouvel œil.
Et justement, nous pénétrons dans l’exposition avec ce diorama troublant, tant il nous semble familier… Un tipi, un indien avec sa coiffe de plumes se préparant à chasser les bisons avec son arc à flèches. Une image tellement populaire qu’on finirait presque par ne plus la remettre en cause… Une image pourtant biaisée, résumant l’Indien d’Amérique au seul Sioux, acquise culturellement au fil du temps.
Une image construite au fil du temps, depuis l’arrivée des premiers colons il y a 500 ans, mise en scène ici au travers d’ouvrages anciens extrêmement rares, sculptures iconiques et peintures d’époque, privilégiant les couleurs vives et autres attributs d’apparat à la réalité historique. Progressivement, nous allons glisser au cœur d’une légende façonnée de toute pièce par l’industrie du spectacle. Une culture simplifiée à l’extrême, pour mieux s’exporter, sous l’impulsion du célèbre Buffalo Bill et son Wild West Show, sillonnant le monde à la rencontre de millions de spectateurs, passant même à quelques kilomètres de Lyon, à Villeurbanne en 1905.
Le ton est donné, nous allons entrer dans les arènes du spectacle avec cette scénographie grandiose et flamboyante, nous proposant d’admirer une collection saisissante de costumes et autres habits traditionnels, réunie par un seul homme, le collectionneur belge François Chladiuk, passionné de l'Ouest américain. Des pièces d’exception, accessoires, bijoux, coiffes spectaculaires mises en regard des photographies époustouflantes d’Edward Curtis qui témoignent de la manière dont s’est construit le mythe. Jusqu’à l’apparition du western, fabuleuse invention qui fera le bonheur des créateurs de bande dessinée et des producteurs hollywoodiens, entretenant au cinéma le cliché du cowboy héroïque partant à la conquête de l’Ouest en luttant contre des peaux-rouges sauvages.
Ce mythe de l’Indien, résumé au stéréotype Sioux, devient aussi une véritable icône de la réclame avec ces affiches étonnantes se servant de son image pour vendre des vélos ou des pneus, ou des publicités tv de ravioli et autres biscuits, tranquillement assis dans votre canapé à la peau rouge. Le Musée des Confluences nous propose de nouvelles clés pour aborder ces civilisations riches et hétéroclites, dont il demeure encore aujourd’hui quelque 550 tribus différentes aux Etats-Unis. L’exposition embrasse ainsi tous les clichés qui fondent notre culture populaire pour mieux les déconstruire et enterrer une bonne fois pour toutes la hache de guerre.