A voir : à New-York, Women Dressing Women

Le Costume Institute du Metropolitan Muséum of Art situé à New-York présente sa nouvelle exposition dédiée à l’histoire des femmes dans la mode.
De 1910 à aujourd’hui, « Women Dressing Women » (Les femmes habillent les femmes) met en lumière les créatrices de mode, via un parcours retraçant leurs perspectives professionnelles et personnelles. À travers soixante-dix créatrices de tout horizon (Vivienne Westwood, Miuccia Prada, Simone Rocha, Rei Kawakubo, Ann Demeulemeester ou encore Madeleine Vionnet, etc), l’héritage et la créativité artistique sont au rendez-vous avec une collection de 80 objets.
Selon Max Hollein, directeur français du Met, « cette exposition invite les visiteurs à réfléchir sur les contributions vitales des femmes à la mode » et permet de mettre en valeur le lien intergénérationnel des créatrices ainsi que leur influence perpétuelle à travers les grandes maisons.
De l’anonymat à la célébrité ou de la dépendance à l’autonomie financière, l’exposition passe notamment par des aspects très concrets du monde de la mode et le cheminement de ces nombreuses créatrices pour arriver au succès, parfois reconnu très tardivement.
Symbole de cette exposition , une robe en mousseline de coton ornée de roses en soie et taffetas permet de redécouvrir Ann Lowe (1898-1981), pionnière chez les créatrices afro-américaines mais largement ignorée en son temps alors qu'elle avait dessiné la robe de mariée de Jackie Kennedy (1953).
Trois décennies plus tôt, une maison française désormais oubliée, Premet, lançait une robe La garçonne dessinée par Mme Charlotte, "dont le succès précédait de trois ans celui de (Gabrielle) Chanel" à la tête de la maison du même nom, souligne le musée.
"Le plus important, c'est de montrer l'incroyable diversité des femmes créatrices présentes tout au long de l'Histoire et qui ont apporté toutes ces contributions majeures à la mode", explique Mellissa Huber, conservatrice associée au Costume Institute. "Nous avons l'ambition de dissiper les stéréotypes selon lesquels les femmes sont plus pratiques que les hommes, ou qu'elles créent en pensant à elles", au détriment de la créativité, ajoute-t-elle.
Pour les femmes, l'histoire commence dans l'anonymat des ateliers de couture, où elles sont souvent reléguées. Mais plusieurs créatrices françaises s'imposent dès le début du XXe siècle, comme Madeleine Vionnet, Jeanne Lanvin et Gabrielle Chanel. L'entre-deux-guerres en France va même voir le nombre de femmes créatrices dépasser celui des hommes dans la mode, souligne l'exposition.
Pour présenter les tenues dessinées par Elsa Schiaparelli, Nina Ricci, ou Vivienne Westwood, le Costume Institute a plongé dans ses collections, 33.000 pièces qui représentent sept siècles de vêtements.

L'exposition, prévue initialement pour 2020 pour célébrer les 100 ans du suffrage féminin aux Etats-Unis, mais retardée par la pandémie, s'achève sur une note plus politique, en se penchant sur les "absences" ou "omissions" dans "les collections des musées et les canons de la mode". Une question posée par cette robe célébrant les grandes tailles de la Française Ester Manas.
Du 7 décembre 2023 au 3 mars 2024
Metropolitan Museum of Art de New York, 1000 Fifth Avenue, at 82nd Street, New York, NY, 10028
Dimanche-mardi et jeudi 10h-17h, vendredi-samedi 10h-21h, feermé le mercredi, à Noël et le 1er janvier.
Et aussi : lire l'article du journal Libération.