A lire : sur les ouvrières des ateliers de soierie lyonnais au XIXè siècle, Il n'y Aura Pas de Sang Versé
"Il n’y aura pas de sang versé" de Maryline Desbiolles est un roman audacieux qui revisite et fait revivre l'une des grandes pages oubliées de l’histoire ouvrière : la première grève de femmes à Lyon en 1869, portée par quatre jeunes « ovalistes » venues d’horizons divers.[1]
Dans sa portée historique et littéraire, le roman puise dans la réalité sociale du XIXe siècle, où les ouvrières des ateliers de soierie lyonnais, surmenées et sous-payées, s’organisent pour obtenir de meilleures conditions de travail et affirmer leur droit à la dignité. La révolte de ces femmes, pionnières de la solidarité féminine et ouvrière, est racontée sans pathos ni héroïsation excessive, mais dans le souffle d’une langue inventive et résolument vivante, à la fois incarnée et poétique.[1]
Maryline Desbiolles orchestre son récit comme une course de relais, chaque personnage passant le témoin à l’autre : Toia, Rosalie, Marie et Clémence deviennent les messagères d’une lutte anonyme, brusquement mise en lumière. L’autrice choisit de ne pas dramatiser la violence, d’où le titre ( il n’y aura pas de sang versé) pour souligner l'espoir, l'énergie collective et la transformation profonde qui surviennent malgré la répression silencieuse et le retour à l’ordinaire après la grève.
Selon Le Monde, Desbiolles pose la question de la visibilité des oubliées de l’Histoire, et fait de la littérature un passage de témoin pour redonner chair à celles dont l’action commune a résonné bien au-delà de leurs propres vies. La critique salue la force du roman, qui transfigure les figurantes de l’Histoire en personnages et, par un rythme haletant, ménage une place à l’émotion et à la justesse du regard. La narration s’appuie sur des détails concrets, des vies minuscules qui touchent parce qu’elles sont soudain capables d’oser et de s’inscrire dans une fraternité collective.
C''est un hommage sensible et engagé aux ouvrières ovalistes qui ont osé briser le silence et s’affirmer dans le tumulte de l’histoire sociale.[1] écrit dans une langue singulière, vive, où l’invention romanesque enrichit la mémoire collective sans la trahir.[1]
Le livre offre une lecture délicate et puissante, qui fait écho à la lutte des femmes pour leur reconnaissance, tout en renouvelant la littérature sociale par son approche humaine et empathique.[1]
"Il n’y aura pas de sang versé" est un texte marquant, remarquable par son souffle, son intelligence et la beauté de ses portraits, qui offre un éclairage nouveau sur l’histoire ouvrière et la sororité.[1]
Il N'y Aura Pas de Sang Versé de Maryline Desbiolles, Sabine Wespieser Editeur, 152p, 18€ ou en poche J'ai Lu, 7€. Lire un extrait.