A lire : Nuanciers, Eloge du Subtil, par l’anthropologue Anne Varichon
Ou une histoire des couleurs peu à peu apprivoisées du XVe siècle à nos jours par l’anthropologue Anne Varichon.
Colorants acides pour feutres, nuances de base, de la Société anonyme des matières colorantes et produits chimiques de Saint-Denis, 1930. (Philippe Durand Gerzaguet)
Le terme «nuancier» apparaît en France dans les années 30, au moment où ces échantillonnages de couleurs explosent au gré des progrès de la chimie. Dès le XIVe siècle, on parle de rouge vermeil, de vert gai ou d’une couleur morée (une couleur de mûre) pour décrire des draps de laine. Mais dit Anne Varichon la couleur ne se dit pas facilement et «ne peut se saisir réellement que par l’exemple». Les échantillons et les nuanciers se développent alors pour mieux «communiquer les couleurs».
Les commerçants les utilisent pour leur négoce, les naturalistes s’en emparent pour «référencer le monde» à partir d’un même étalon et les sociétés industrielles vont multiplier leur usage dans l’industrie textile et chimique, dans le bâtiment, l’automobile ou la cosmétique. «Ces outils dédiés à la couleur ont été des interfaces actives entre des savants, des artistes, des artisans, des industriels ou des marchands et une société. Ils ont entériné, mais aussi provoqué des mutations décisives de la pensée de la couleur dont nous sommes aujourd’hui les héritiers», écrit l’autrice. Coquelicot, corail, tyrol, olive, marengo, jaune sable, andrinople moyen, havane clair, chamois, rose de nymphe, vert eau de javel… (par Sonia Faure pour le journal Libération).
Anne Varichon, Nuanciers, éloge du subtil, Seuil, 281 pp., 59€. (On peut également en télécharger un extrait).