A voir : au MET (New-York) “Sleeping Beauties : Reawakening Fashion”

En mettant l’accent sur l’immersion sensorielle et l’interaction, la nouvelle exposition du Costume Institute, “Sleeping Beauties : Reawakening Fashion” s’efforce de briser le quatrième mur. Pour y parvenir, l’utilisation des vitrines a par exemple été limitée, et divers biais, parfois moins tangibles, ont été mis en œuvre.
“Sleeping Beauties” se déploie en plusieurs volets. Les objets exposés sont organisés autour de trois thèmes : la terre, l’air et l’eau, chacun étant doté de multiples divisions, comme les coquelicots et les marguerites, les coquillages et les sirènes. La nature est omniprésente. Comme l’écrit Andrew Bolton, le commissaire de l’exposition, dans le catalogue, “elle est la métaphore ultime de la mode, de sa renaissance, de son renouvellement et de sa cyclicité. Elle fait écho à sa fugacité, à son caractère éphémère”.

L’équipe de conservateurs a exploré la collection du Costume Institute sous un angle nouveau ; comme elle l’avait déjà fait pour l’exposition “In America”, qui mettait en lumière des réalités longtemps absentes dans l’histoire de la mode des Etats-Unis. “Sleeping Beauties” s’inscrit dans cette lignée en rendant visible l’invisible, en explorant la manière dont la science peut insuffler à nouveau la vie à ces vêtements.
De nombreuses teintures ont par exemple été analysées pour l’exposition. L’examen d’une robe Delphos de Mario Fortuny a permis de révéler l’utilisation de colorants artificiels et de réfuter l’hypothèse selon laquelle il n’utilisait que des procédés naturels. Le son émis par la robe avec fleurs en étain de la collection automne-hiver 2024-2025 de Marni, a été enregistré dans une chambre anéchoïque (sans écho) à l’université SUNY de Binghamton.
Dans la salle Dior trônent une robe miniature Miss Dior de 2014 et un modèle en plastique imprimé en 3D destiné à être touché par les visiteurs. On trouve aussi un modèle grandeur nature de la version Raf Simons de la robe Miss Dior de 1949. Les murs de cette pièce ont été couverts de panneaux d’uréthane moulés à partir de la robe originale signée Christian Dior. Ils peuvent être touchés, tout comme le papier peint de la salle Garden Life, inspiré d’un gilet brodé du XVIIe siècle, présenté dans l’exposition.

Sissel Tolaas, collaboratrice de Demna chez Balenciaga, a été chargée de capturer les paysages olfactifs de plusieurs robes et de plusieurs femmes célèbres. Denise Poiret, l’épouse et muse de Paul Poiret (elle a notamment dessiné la rose qui orne l’étiquette de la maison) fait partie de celles-là. Le parfum de l’héritière Millicent Rogers et les traces de parfum qu’elle a laissées sur une robe Schiaparelli ont également été recréées par Sissel Tolaas. Toutes ces fragrances sont mises à disposition et peuvent être humées par les visiteurs.
L’exposition se clôture sur la robe de mariée de 1931 conçue par Callot Sœurs pour la mondaine Natalie Potter. La traîne cathédrale festonnée du modèle a été placée sur une plate-forme surélevée, la scénographie suggérant l’arrivée d’une vague sur une plage. Une version spéciale de ChatGPT a été développée afin de permettre aux visiteurs de poser des questions à cette “mariée sirène”. Tout est fait pour que les vêtements prennent vie.

Jusqu'au 2 septembre 2024.
Le Met Fifth Avenue, 1000 Cinquième Avenue, New York, État de New York 10028, Téléphone : 212-535-7710
Tarifs : adultes 30 $, seniors (65 ans et plus) 22 $, étudiants 17 $, enfants de moins de 12 ans gratuit
Réservation en ligne obligatoire
La capacité est limitée et l'accès est premier arrivé, premier servi. Les billets du Musée général ne garantissent pas l'admission à cette exposition.
Crédits photos : 1/5/6 The Metropolitan Museum of Art 2/3/4 © Vogue