A voir : James Tissot - L'étoffe d'un peintre

Jacques-Joseph Tissot, dit James Tissot (1836-1902), aurait dû avoir les honneurs du Musée d’Orsay du 24 mars au 19 juillet, pour marquer sa double carrière des deux côtés de la Manche. Partenaire de l’exposition, Arte devait accompagner l’événement d’un portrait du peintre. Estimant qu’en période de confinement les sorties culturelles sur petit écran font un bien fou, elle ne l’a pas déprogrammé – agréable surprise dont d’autres chaînes feraient bien de s’inspirer. C’est donc avec un double plaisir que l’on s’intéresse de plus près à cet artiste, ami de Degas et admirateur d’Ingres, Français ayant résidé onze années à Londres, homme fortuné attiré par les mondanités et tout à la fois capable de saisir son époque, elle aussi changeante. Une découverte.
S’il a renié son prénom fleurant bon la bourgeoisie provinciale du XIXe siècle pour succomber à l’anglomanie de son époque, James Tissot, né Jacques-Joseph Tissot en 1836, a conservé de son enfance nantaise une inclination pour la religion, les ambiances portuaires et les tissus – son père est marchand de soie, sa mère, modiste. Formé aux Beaux-Arts de Paris et maître des étoffes – des costumes médiévaux aux kimonos japonais –, il devient le peintre fétiche de l’élite du Second Empire suite à son "Portrait de Mlle L. L." (1864), à la silhouette furieusement à la mode.
Si certaines de ses toiles fraient alors avec l’impressionnisme, cet admirateur d’Ingres et ami de Degas reste attaché à la figure humaine, plus rémunératrice. Après la guerre franco-prussienne, pendant laquelle il participe à la défense de Paris et croque les combats pour le "Morning Post", Tissot rejoint l’Angleterre en mai 1871. La bonne société victorienne défile sous ses pinceaux discrètement ironiques et l’argent coule à flots, lui laissant le loisir de capturer des scènes plus triviales pêchées dans le port de Londres. Bientôt, les traits délicats de Kathleen Newton, divorcée irlandaise et mère de deux enfants, colonisent son œuvre. Après la disparition de sa compagne, en 1882, le peintre regagne la France, où il se consacre au cycle "La femme à Paris", à des sujets mystiques ou à des illustrations de la Bible, nourries de ses voyages en Palestine
A voir sur Arte.tv jusqu'au 3 juin James Tissot- L'étoffe d'un peintre réalisé par Pascale Bouhenic et avec la participationde Madeline Fontaine
A écouter sur France Culture James Tissot, l'ambigu moderne au musée d'Orsay
Portrait en pied de Mlle L.L. ou jeune femme dans une veste rouge. Peinture de James Tissot (1836-1902), 1864. 1,24 x 0,99 m. Musée d'Orsay, Paris• Crédits : Leemage / Corbis - Getty