A voir : Jean Vendome, artiste joailler
Jean Vendome, pionnier de la joaillerie créative
De son vrai nom Ohan Tuhdarian, Jean Vendome crée sa première collection de bijoux en 1950. Il ne cesse d’œuvrer toute sa vie durant, jusqu’à sa mort en 2017. Son talent protéiforme convoque tout autant l’élan baroque et surréaliste que le graphisme contemporain conférant à ces bijoux cette apparence épurée et très dessinée.
De ces soixante-sept années de travail intense naîtront des œuvres marquées par l’art de sublimer les pierres fines en les mariant à des matières précieuses, le tout avec une technique joaillière très aboutie. Pionnier du bijou moderne, son approche particulièrement créative le place entre le bijou d’artiste et la haute joaillerie. Sa démarche rompt avec la tradition de privilégier la qualité des pierres.
La beauté de l’objet-bijou constitue la quintessence de son œuvre, et lui donne cette signature si particulière, cette touche onirique, comme une parcelle de rêve qui sollicite l’émotion et l’imaginaire, un désir matérialisé de capturer la beauté de la nature pour la rendre éternelle.
C’est pourquoi son choix se tourne toujours vers des pierres, habitées par des inclusions mystérieuses comme le quartz rutile ou le lapis lazuli, qui apportent au bijou ce supplément d’âme. Pour lui, la valeur de la pierre importe peu. Qu’elle soit diamant, géode, fossile ou caillou, rien ne compte plus pour cet artiste-esthète que la beauté, étrange de préférence. Ses recherches s’orientent d’abord vers la transformation du bijou, permettant de varier le porté et de le rendre ludique et créatif. Par ce biais, les éléments d’un collier ou d’un bracelet peuvent aussi devenir bague ou broche.
Cent-trente bijoux environ seront exposés, et tout particulièrement le merveilleux collier d’Aléna Caillois. Des œuvres issues de collections publiques viendront également compléter cette rétrospective, celles notamment du Musée des Arts Décoratifs, du Museum of Fine Arts de Boston, ainsi que l’épée de l’académicien Roger Caillois, exceptionnellement prêtée par le Musée des Confluences de Lyon.
Les bijoux exposés donneront à voir le large éventail de sa création. Le visiteur pourra suivre le fil de son exploration novatrice des formes, mais aussi sa démarche avant-gardiste de changement d’échelle et d’usage pour adapter la joaillerie à la femme moderne et libérée des années 70. Les Tours, les gratte-ciel, les volumes géométriques de ses bagues trahissent sa passion de l’architecture urbaine et de la course à la verticalité. Les années 80 sont celles de « promenades irréelles » , où il joue sur l’analogie mimétique des agates. Les années 90 sont marquées par l’emploi de minéraux aux couleurs de plus en plus fortes, ce que Jean Vendome appelle ses «couleurs vagabondes» ou «couleurs en liberté ».
Jean Vendome fut un pionnier du bijou moderne. Œuvre d’art à part entière, petite sculpture à porter, il attribue au bijou une valeur expressive intense.
Jusqu'au 28 août 021 à l'Ecole des Arts Joaillers, 31 rue Danièle Casanova, Paris 1er, tél +33 1 70 70 38 40.
Entrée gratuite sur réservation
Du mardi au samedi de 12h à 19h
L’exposition sera fermée le mercredi 14 juillet et du mardi 17 au samedi 21 août.
En raison des mesures sanitaires en place, la visite est limitée à 50 min.
photo 2 : Jean Vendome, Collier Le Dormeur, argent, pinces de tourteau et grenats, 1991, crédit photo Benjamin Chelly