A voir : Martin Margiela à Lafayette Anticipation

Pour sa première exposition monographique, Lafayette Anticipations invite Martin Margiela à prendre possession et métamorphoser l’ensemble de ses espaces.
Entre installations, sculptures, collages, peintures et film, cette exposition présente plus d’une vingtaine d’œuvres inédites et poursuit une hypothèse : Martin Margiela a toujours été un artiste.
Reconnu internationalement depuis la fin des années 80 dans le domaine de la mode, il s’est attaché, durant toute sa carrière de créateur, à en bouleverser un à un les codes au travers de défilés, de matières et de silhouettes devenus depuis des révolutions conceptuelles et esthétiques.
Si les références à l’art sont multiples dans ses créations, au travers de trompes-l’œil, monochromes blancs ou défilés sous forme de happenings, la pratique artistique du designer restait jusqu’à ce jour totalement inconnue. Pourtant, du dessin à la sculpture en passant par le collage, Martin Margiela ne cesse de développer depuis les années 1980 un univers chargé des mêmes obsessions pour les corps fragmentés, l’anonymat, le recyclage et l’expérimentation.
La puissance et l’audace des gestes qu’il a déployés ont repoussé les frontières de l'art, au-delà de ses territoires classiquement consacrés. Il n’a jamais cessé de proposer de nouvelles zones d’expérience en étendant en permanence les limites de l’œuvre.
Prenant les habitudes des visiteur.euse.s à contre-pied, chacun.e est invité.e à entrer par la sortie de secours et à s’immerger dans un parcours labyrinthique au gré duquel les œuvres apparaissent et disparaissent selon différents points de vue ménagés au fil de la visite.
On sait que Martin Margiela a notamment plaqué l’industrie de la mode pour fuir les rythmes effrénés qu’elle lui imposait. Jeu de hasard ou choix arrêté, le créateur a précisément articulé son entrée dans l’art plasticien institutionnel autour de la durée. « L’exposition est axée autour du passage du temps, de la manière dont on lui résiste ou on l’accepte », résume Rebecca Lamarche-Vadel, commissaire de l’exposition. Une tension illustrée tant par Triptych et Vanitas, déroutante série de cinq chevelures sur silicone dont les différentes teintes représentent autant d’étapes de vie, que par Bus Stop. Soit un abribus recouvert de fausse fourrure évoquant nos périodes d’attente du quotidien, entre ennui exaspéré et contemplation méditative.
L’ensemble des œuvres, produit en grande partie sur place dans les ateliers de la Fondation, reprend des obsessions propres à l’artiste, le corps y est très présent : anatomies inspirées de la tradition académique, cheveux et épiderme frôlant l’abstraction comme autant de traces du passage du temps.
Du 20 Octobre 2021 au 2 Janvier 2022
Lafayette Anticipations 9, rue du Plâtre 75004 Paris, tél +33 (0)1 42 74 95 59
Entrée libre et gratuite, sans réservation.
Commissaire de l'exposition : Rebecca Lamarche-Vadel
En partenariat avec Le Monde, Télérama, Trax, Konbini, Paris Première et Trois Couleurs.
Crédits photo : 2/Vanitas, Pierre Antoine 3/Bus Stop, Pierre Antoine 4/Reiner Holzemer
Et aussi, à voir absolument (sur YouTube), ce portrait passionnant réalisé par Reiner Holzemer pour Arte : Martin Margiela se Raconte Portrait d'un Mythe de la Mode.