A voir : Qipao, Glamour and Modernity beyond Shanghai

L’exposition « 摩登华影:海派旗袍与百年时尚 » (Qipao : Glamour and Modernity beyond Shanghai) au Shanghai Museum ouvre une page majeure de l’histoire de la mode chinoise, en consacrant la première grande rétrospective thématique du musée à un vêtement artistique. elle réunit 306 pièces et ensembles, principalement issus des dons de Patricia Pei et de la collection du chanteur Jeff Chang, complétés par des prêts du Shanghai History Museum, du Soong Ching Ling Memorial Residence et du Shanghai Auto Museum.

Un prisme esthétique du XXᵉ siècle
La qipao* shanghaïenne (海派旗袍) se révèle comme un prisme traversant le temps, reflétant l’évolution des goûts esthétiques et de la conscience culturelle chinoise au XXᵉ siècle. Chu Xiaobo, directeur du Shanghai Museum, la qualifie de « pièce d’histoire portable », née de la fusion entre esthétiques chinoise et occidentale dans une Shanghai cosmopolite dès les années 1850. L’exposition explore ses mutations formelles : de la robe traditionnelle ample et pudique à une silhouette ajustée et ouverte, marquant la libération physique et spirituelle des femmes orientales.

Fusion des cultures et modernité haipai
Structurée autour des axes « vagues modernes » et « esthétique sans frontières », l’exposition met en lumière l’hybridation des savoir-faire : coupes précises occidentales alliées à l’élégance orientale, tissus internationaux, motifs innovants et ornements revisités. Les qipaos, présentés sans vitrine pour révéler coupes, tissus et détails, s’accompagnent d’accessoires, objets d’époque et d’une Austin 10 Saloon crème des années 1930 à l’entrée, évoquant le glamour shanghaïen. Ce récit culmine dans l’essor culturel de la qipao, symbole de confiance nationale passé des ruelles de Shanghai aux scènes mondiales.
Collections et mécènes d’exception
Les pièces phares proviennent des près de 300 qipaos donnés par Patricia Pei, fille de la mondaine sino-américaine Chiang Shih-yun (Aileen Pei, 1912-2016), fille de diplomate et épouse d’un banquier shanghaïen. Patricia Pei souligne l’héritage fusionnel de sa mère, imprégnée de cultures chinoise et occidentale sur un siècle. Jeff Chang (张信哲), icône pop chinoise, apporte son regard de collectionneur passionné : il évoque l’amour de sa grand-mère pour ces robes volées par un cambrioleur, et a déjà offert 12 pièces au musée l’an dernier.
Mise en scène immersive et ambition pédagogique
Divisée en quatre chapitres, l’exposition utilise des mannequins spécifiques pour restituer les silhouettes féminines du siècle, rendant vivantes les histoires individuelles de chaque qipao – élégants, gracieux ou avant-gardistes. La collaboration avec Chang vise à démocratiser l’histoire via des figures populaires, elle invite à franchir la « porte de la modernité** » pour une épopée cousue de tradition et d’innovation.
(**voir Robe Christian Dior en satin jacquard rouge « Dioriku » avec col mandarin brodé de perles et motif chrysanthème jaune.Prêt-à-porter Automne-Hiver 1997 par John Galliano. Pièce de défilé - Collection Dior Héritage, Paris. Photo © Laziz Hamani);
Du 23 décembre 2025 au 5 mai 2026.
Musée de Shanghai, Salle d'exposition du premier étage, 1952 Century Avenue, Pudong New Area, Shanghai.
Les visiteurs individuels peuvent entrer dans le musée avec une pièce d'identité valide par la porte Est B1 (près de Dingxiang Road) après le contrôle de sécurité ; tandis que les groupes ayant réservé peuvent entrer par la porte Nord (1F, près de Century Avenue) après le contrôle de sécurité.
Horaires : 9 h – 17 h, dernière entrée à 16 h, fermé le lundi (hors jours fériés nationaux). Aucune réservation n'est nécessaire.
Métro:
ligne 2 jusqu'à la station Musée de la technologie de Shanghai et sortez par la sortie 8.
ligne 4 jusqu'à la station Xiangcheng Road et sortez par la sortie 2.
ligne 6 jusqu'à la station Pudian Road et sortez par la sortie 1.
Bus:
bus 638 ou 975 jusqu'à la station South Yanggao Road Century Avenue.
bus 987 ou le bus Pudong 36 jusqu'à Century Avenue, Dingxiang Road.
*Le qipao, aussi appelé cheongsam en cantonais, désigne une robe traditionnelle chinoise féminine emblématique, caractérisée par un col haut droit, une silhouette ajustée au corps, des fentes latérales hautes et des fermetures par boutons grenouillères ou zip latéral.
Origines historiques
Apparu sous la dynastie Qing (1644-1912), le qipao tire son nom de « robe des bannières » (旗袍), porté initialement par les Mandchous des Huit Bannières comme une tunique ample et droite pour hommes et femmes. Il évolue au XXᵉ siècle à Shanghai, cosmopole influencée par l'Occident, vers une version moderne moulante et élégante, popularisée dans les années 1920-1940 par les élites et le cinéma.
Caractéristiques principales
-Coupe : Ajustée à la taille et aux hanches, avec fentes latérales pour la mobilité, longueur variable (chevilles à mi-cuisses).
- Matériaux: Traditionnellement soie brodée, satin ou velours, souvent ornée de motifs floraux ou dragons.[5][9]
- Détails : Col mao rigide, manches courtes ou longues, asymétrie latérale pour l'enfilage.
Évolution et symbolisme
De robe ample et pudique, il devient symbole de féminité moderne, de libération corporelle et de fusion culturelle Est-Ouest, incarnant l'élégance shanghaïenne (haipai). Aujourd'hui, il reste icône de mode lors d'événements formels, mariages ou festivals, avec des variantes contemporaines plus courtes ou hybrides.
Crédits :
photo1 Chemisier en soie jacquard bleu turquoise à manches cloche et veinures beiges / Gilet long en soie damassée noire à veinures, années 1920. Collection de M. Jeff Chang.
Photo2 Qipao en georgette noire avec broderie de sequins et motif floral stylisé, années 1960-1970. Collection du musée de Shanghai. Don de Mme Patricia Pei, 2021.